Françoise Pichon-Mamère

Françoise Pichon-Mamère : colonie de fous de Bassan (Nouvelle Zélande)

Pourquoi cette image et quelle est sa relation avec le « départ à la retraite » de notre amie Liliane?

Il s’agit d’une colonie de fous de Bassan installés en Nouvelle-Zélande face au grand large de l’île du Nord. Ces oiseaux ont pris leur temps et sans autre technique ni repère que leur instinct, ont parcouru des milliers de miles au-dessus des océans avant de se poser, puis de se reposer sur cette plateforme, toujours la même depuis des siècles. Eux-mêmes sont identiques à ce qu’ils étaient il y a près de 40 millions d’années. Ils attendent le bon moment pour repartir…

A cette échelle, la mécanique du temps que nous connaissons n’est pas facile à appréhender. Pour nous aussi, le temps, celui des montres et des réveils, des agendas et des calendriers, semble ne jamais s’arrêter. Mais il faut l’interrompre avant qu’il n’emporte celui de nos vies si nous n’avons pas la sagesse de faire escale un jour, une fois le travail accompli.

A l’avant poste de l’application des technologies de l’information aux sciences humaines, Liliane a très tôt pratiqué le « développement multimédia » non seulement dans le secteur qu’elle connaît le mieux mais aussi dans toutes les dimensions de notre métier : la formation des étudiants et des chercheurs, les séminaires, les conférences, les colloques, les publications, les coopérations avec d’autres disciplines. Consciente que le monde numérique n’était pas « spontané » pour tous et qu’il bouleversait quantité de nos anciens schémas mentaux, elle a su privilégier la pédagogie du changement et nous a tous entrainés dans le mouvement.

En 2002, il y a une éternité, dans une petite salle de la Sorbonne, Liliane participait à la présentation de la refonte et de la dynamisation du site officiel de l’université créé en 1999. C’est de la préhistoire : 3.000 fichiers, 70 millions de caractères (70Mo), 500 connexions par jour. Dès cette époque, le souci de Liliane était de fédérer l’ensemble des contributions de la communauté de Paris IV, une communauté diverse (UFR, services administratifs, écoles doctorales), éclatée sur plusieurs sites géographiques et répondant à des publics dispersés (étudiants de Paris IV, étudiants à l’étranger, lycéens, autres publics). En 2012, le site héberge 87.225 fichiers contenant 4,7 milliards de caractères (4,7 Go), et le nombre de connexions peut atteindre 14.000 par jour. Le nom de liens externes est devenu quasiment incalculable. Quant au parc de machines, il est passé en dix ans de 400 à 4170 dont 2.800 ordinateurs.

Si presque tous les objectifs quantitatifs de l’architecture numérique sont désormais atteints, prenons garde cependant à ce que, dans un cosmos virtuel encombré d’une multitude d’activités, le temps ne se vide de son sens.

A Liliane maintenant de nous répondre : pourquoi le temps gagné est-il si rarement du temps libre !

Françoise Pichon-Mamère
Le 15 mars 2012

Contributrice

Françoise Pichon-MamèreFrançoise PICHON-MAMERE

Maître de conférences en économie LEA à Paris-Sorbonne

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